"TENSION" Par Marie Deparis, critique d'art.


Installation de Dimitri Xenakis "Tension". Centre Régional D'art Contemporain
du Château du Tremblay
.
Exposition "Histoire d'arbres".Texte publié dans le catalogue. 2005

Artistes de l'exposition:
Pierre Alechinsky, Marc Averly, Dominique Bailly, Christiane Chabot, Roland Cognet, Marc Delouze, Anne Marie Filaire,
Jean-Louis Magnet, Jean de Maximy, Will Menter, Ludwika Ogorzelec, Olivier O. Olivier, Giuseppe Penone, Lucien Petit,
Bernadette Tintaud, Elmar Trenkwalder,
Daniel Van de Velde, Dimitri Xenakis.



Près de la vieille ferme fortifiée, toute en tours rondes et carrées, pierres aux couleurs de l’usure du
temps et toitures
au beau rouge orangé, un frêne plus que centenaire a poussé, épousant en ses
courbes et racines la présence du bâtiment.
Un archétype de paysage campagnard, une image pittoresque, harmonieuse et paisible,
que le
travail « in situ » de Dimitri Xenakis vient perturber en un contrepoint inattendu et révélateur.
Son installation de câbles tendus habillés d’aluminium, éléments apparemment incongrus, voire
dérangeants, réactive le regard et amène le promeneur à décaler son point de vue.

Des lignes de fuite apparaissent, mettant en lumière correspondances et oppositions verticales, obliques
et horizontales, comme si, dans une sorte de renversement, on pouvait déchiffrer la composition
d’un
paysage réel comme on le fait d’un tableau.
Les câbles tendus entre l’arbre et la meurtrière matérialisent les liens invisibles entre le corps bâti
et
le corps naturel. Liens faits de tensions et de conflits, de luttes souterraines et de compromis.

Avec le temps, le bâtiment s’est couvert d’une texture moussue, semblable à celle de l’arbre, mais
celui-ci a sans doute dû
s’enraciner autour des fondations, nécessité vitale de l’adaptation au milieu.
Liens tendus, donc, comme une métaphore de ceux, dialectiques, que tissent depuis toujours les
hommes avec la (leur) nature .

Histoires réelles, histoires imaginaires...
Si l’intervention de l’artiste rompt le charme tranquille du lieu, elle ouvre en même temps une autre
dimension poétique. En invitant le visiteur à projeter son regard des vieilles pierres aux ramures,
elle tire les lignes d’un récit imaginaire, qui inventerait l’histoire, les histoires de cet arbre, de cette
bâtisse, l’un contre, tout contre, l’autre.

Cependant, cette installation éphémère et extrinsèque aux corps des choses n’en transforme pas
radicalement l’anatomie.
Car il ne s’agit pas tant pour Dimitri Xenakis de bouleverser l’état des
lieux que d'en
questionner le sens, l’histoire, le contexte pour en renouveller la représentation.

             
Centre d'art contemporain Château du Tremblay
             
Centre d'art contemporain Château du Tremblay
 
             
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Catalogue de l'exposition